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Au tournant romantique du XIXe siècle, le pays de l Orne reste hanté par les fantômes de la Révolution française. Chouans, déserteurs et braconniers errent sur les chemins. La campagne est parsemée de vieux manoirs, de villages meurtris par la faim, les émeutes et les guerres. Tanneguy Le Veneur appartient à cette noblesse ouverte sur le monde et le progrès mais désenchantée par la Révolution. Dans un récit lumineux et haletant basé sur un important travail de recherches, Diane Pradal nous ouvre les portes du château de Carrouges dont les vieux murs de briques ont conservé les secrets de famille : destins tragiques, amours contrariés, réjouissances lors des foires, des bals, des chasses dans les forêts aux loups... Grâce à Tanneguy, personnage flamboyant et attachant, le lecteur entre dans l intimité des Le Veneur, une famille normande face aux soubresauts de l Histoire.

Il y avait, perdu entre les bois et les étangs, un vieux château.

Ses tours, aux couleurs changeantes avec les saisons, piquaient la brume qui enveloppait les forêts. Les bois et les forêts sombres, peut-être enchantées, peuplées de loups, où rôdaient les Chouans pendant la Révolution. D’Andaines à Ecouves, ce sont des forêts de gibier, où les seigneurs, depuis toujours, mènent les chasses, leurs épieux perçant les flancs des cerfs et des sangliers. Les salmis de gibier, les perdrix et les faisans embrochés dans l’âtre, sont ensuite dévorés à la sauce Robert, aux oignons et à la moutarde. Avec les malandrins et les brigands des chemins, les loups sortaient des sous-bois quand la nuit se faisait bien noire. Des compères-loup, qui guettaient les petits chaperons s’en allant visiter leur mère-grand, comme dans les contes de ma mère l’Oye.
‒ Entendez-vous le loup, le renard et la pauvre belette ? demandait la vieille Rosalie aux petits enfants effrayés, assis devant l’âtre.
Les loups salivaient à l’odeur des bergeries closes, à l’odeur crasseuse des intérieurs des chaumières. Quand la lune se fondait dans le petit matin, ils rentraient au bois et les nymphes et les cygnes-reines s’évanouissaient dans la rosée.

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